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La coupure des flux RSS de Facebook (re)lance les réflexions sur les pratiques de veille

Le 28 janvier, Facebook a annoncé la disparition à moyen terme (environ 90 jours) du flux RSS des publications d’une Fanpage. Très utilisée par les veilleurs, la fermeture de ce service va bouleverser de nombreuses pratiques et risque de relancer le débat sur l’avenir des flux RSS.

C’est Serge Courrier, consultant-formateur en veille stratégique, qui a trouvé la réponse à mon interrogation de jeudi dernier: pourquoi le flux des pages que je surveille depuis de nombreuses années ne renvoyait plus de résultats depuis près de 24h ?

Même si les flux RSS sont depuis quelques jours à nouveau accessibles, Facebook a d’ores et déjà précisé que la coupure de cette fonctionnalité serait opérationnelle d’ici 90 jours. De quoi laisser le temps aux veilleurs de revoir leurs pratiques et de trouver des alternatives.

La technique bien connue pour créer des flux RSS d’une page Facebook sera bientôt obsolète. Il ne sera donc plus possible, en collant l’id d’une page Facebook à la suite de l’URL « https://www.facebook.com/feeds/page.php?format=rss10&id= » (ou atom selon vos préférences) de récupérer ses derniers posts dans votre agrégateur de flux. Cette décision de Facebook n’est pas sans conséquences.

L’intérêt des flux RSS sur Facebook

En effet, créer un flux RSS d’une page Facebook est pratique à bien des égards :

  • parce qu’il n’y avait pas besoin d’être inscrit – ou connecté – à Facebook pour surveiller une page (ce qui en soit est déjà un avantage non négligeable) ;
  • parce qu’un flux a l’avantage d’être re-diffusé « automatiquement » sur d’autres plates-formes de médias sociaux (voire au sein d’intranet ou de réseaux sociaux d’entreprise) ;
  • parce que cela permettait de suivre une page sans être contraint ou fatalement obligé de la « liker » pour suivre ses actualités. Nul besoin de préciser que pour bien des sujets, cette technique aurait méritée d’être vulgarisée à plus grande échelle, ce qui aurait évité de nombreux débats et polémiques (exemple sur la page de soutien au bijoutier de Nice). Car le like n’est pas un outil de veille, il comporte une signification sociale bien précise !

Pour le veilleur, cela procure également l’avantage de suivre en toute discrétion des pages, tout en centralisant ses contenus au sein d’un agrégateur de flux (type Feedly) ; pratique pour de la veille concurrentielle ou sectorielle.

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D’autant que la méthode a pris encore plus d’intérêt depuis plusieurs mois puisqu’elle surmonte la problématique inhérente à la baisse du « reach » de Facebook. Créer le flux RSS d’une page, c’est ainsi l’assurance de ne rien manquer des contenus qu’elle publie.

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Les flux RSS Facebook permettent de surmonter la baisse du reach de Facebook (source image : Blog du Modérateur)

Dans tous les cas, cette décision unilatérale de Facebook renforce la nécessité pour tout veilleur, professionnel ou amateur, de tenir scrupuleusement son plan de veille et la méthode de surveillance de ses sources. Ici, un plan de veille (ou un simple tableau de sources) fera rapidement ressortir les éventuels trous dans la raquette de votre surveillance active. C’est notamment sur cet aspect que j’appuie dans la plupart des interventions et des cours que je réalise sur la veille ; et ce bien avant la sensibilisation sur les techniques et les outils à disposition du veilleur.

Quid de l’avenir des flux RSS ?

En 2011, c’est Twitter qui coupait progressivement la possibilité de créer facilement des flux à partir d’une équation de recherche (même si des alternatives sont nées depuis). S’en est suivi le séisme provoqué par la fermeture de Google Reader en 2013 et les réflexions que cela a entraîné. Cette décision de Facebook s’inscrit donc dans un contexte inquiétant où il devient de plus en plus difficile de suivre l’actualité via un agrégateur RSS.

Pourtant, ces derniers offrent la possibilité de créer un système d’information ultra-personnalisé pour consommer des contenus « à la carte » ; selon moi ils font partie, au même titre que Twitter, de notre « IKEA Informationnel » (comme l’écrivait il y a quelques années Cyrille Franck). Mais les barrières de plus en plus fortes imposées par les géants du web pour utiliser les flux RSS tendent à les faire devenir des produits « élitistes », réservés à une minorité d’internautes résilients et conscients de l’importance de rester maître des informations qu’ils désirent consommer.

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Pour le moment, aucune solution alternative pour surveiller des pages Facebook n’a émergée. Il sera d’ailleurs très difficile de créer des outils spécifiques à l’instar de ceux créés pour pallier à la défection des flux RSS sur Twitter, puisque l’accès à l’API de Facebook nécessite des « jetons » (donc un compte). Inutile de préciser que le très populaire Yahoo Pipes, utilisé par les veilleurs pour créer des flux sur des sites n’en bénéficiant pas, ne fonctionne pas non plus sur Facebook.

Enfin, pour beaucoup cette annonce peut paraître anodine. A mes yeux, elle renforce une partie des missions implicites au métier de veilleur, notamment :

  • de suivre la vie des outils qui lui permette de collecter sa matière première qu’est l’information ;
  • de réfléchir à des alternatives en cas de défection de l’un d’entres eux ;
  • d’alerter les entreprises qui construisent des produits sur des technologies gratuites du risque potentiel que cela peut représenter ;
  • de décrypter les décisions des acteurs du web, révélatrices de leurs stratégies et de leurs modèles économiques.

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À propos Bryan

Fondateur du blog Keep it Simple, je conseille, accompagne et forme les organisations (entreprises, collectivités, associations, etc.) afin d'optimiser leur présence sur internet et leur gestion des outils numériques. Après plusieurs années en agence et chez l'annonceur, je dispose de la double vision client-prestataire. Face à une demande de plus en plus importante, j'ai fondé en 2017 l'agence Ouest Digital.

7 plusieurs commentaires

  1. Bonjour et Bravo pour votre article. En ce qui concerne Facebook, c’est l’intérêt des flux RSS sur ce site qui m’intéresse, de pouvoir suivre le contenu de certaines pages. Le problème est que je ne suis pas informaticien et je ne vois pas vraiment des gens autour de moi suffisamment qualifiés pour faire ce genre de travail. J’habite dans le sud de la Belgique ( Arlon ). Avez vous une idée pour pouvoir résoudre ce problème ? Merci.

  2. Quelqu’un a une idée de ce que représente l’utilisation des flux RSS?
    10% de la population des internautes? Plus? Moins?

  3. Bonjour,

    Plusieurs avis/réflexions pour ma part sur cet article et cette actualiré.

    1) cela m’étonne que Facebook ait laissé aussi longtemps les flux vu la volonté de l’entreprise d’enfermer ses utilisateurs.

    2) j’avoue ne jamais avoir utilisé les flux rss de Facebook dans mes missions de veille (en plus l’information peut être trouvée sur d’autres sources/médias plus aisément. On récupère les commentaires aussi ou pas ? Sans les commentaires des utilisateurs, l’info sur Facebook est assez pauvre).

    3) Sur Facebook (et les entreprises qui peuvent être intéressées par les données dessus) ce sont principalement des acteurs qui sont dans le B2C. Quand tu bosses dans l’industrie, c’est pas toujours très pertinent.

    4) Pour moi, les flux RSS ont toujours fait partie de ce que vous appelez des produits « élitistes », beaucoup de personnes ignorent ce que c’est. Par contre, il est vrai que là, on va tendre de plus en plus vers une approche encore plus élitiste avec des scripts, des outils à dev comme illustrés dans cet ouvrage (très intéressant) https://github.com/ptwobrussell/Mining-the-Social-Web-2nd-Edition 5) on va voir de nouveaux faux comptes sur Facebook :-p

    Je comprends pas trop le point sur la discrétion. En allant consulter la page avec un compte, seul Facebook (et les nombreuses personnes qui ont accès aux données) peuvent le voir, pas l’entreprise concurrente.

    Je finirai en disant que le web évolue et nous participons à son évolution. On s’enferme dans des technos proprio et qu’on ne maitrise pas, des solutions libres existent (même si elles demandent un peu d’effort). Et pour nous aussi, cela nous demande de nous adapter mais de rester sur nos habitudes ce n’est pas forcément une bonne chose. Voilà pour ce qui me concerne.

    AH

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